jeudi 26 avril 2018

Aikido - Temps et espace

Stage Aikido Brest 2018

Séminaire d’étude sur la pratique et les écrits de Ueshiba Morihei et de Deguchi Onisaburo selon C.G. Jung et W. Pauli


Comme chaque année, lors du séminaire de Brest, nous alternons études pratiques et études théoriques autour de Takemusu Aiki, le livre que le fondateur de l’aikido a écrit à la fin de sa vie. Nous éclairons la relation historique, spirituelle et pratique entre Ueshiba Morihei et Deguchi Onisaburo, chef de file de l'Omoto-kyo. Deguchi a en effet eu une grande influence sur Ueshiba : en lui apprenant notamment la technique de méditation Chinkon kishin no ho que Ueshiba intégrera à son entraînement d'aikido.




 Notre approche des textes de Ueshiba se fait à partir des études développées par W. Pauli, l’un des pères de la physique quantique, et de Carl Gustav Jung, le fondateur de la psychologie des profondeurs. Les explications des deux hommes permettent en effet de mieux comprendre les explications que donne Ueshiba dans son livre Takemusu Aiki, concernant particulièrement les états de transe qu'il décrit.


Le thème central de cette année 2018 sera le temps et l’espace. Comment Ueshiba conçoit-il le temps ? Et l’espace ? Pourquoi affirme-t-il que « dans l’aikido, il n’y a ni temps ni espace » ? Quelles sont les expériences qui en témoignent ? Quels sont les états modifiés de conscience qui révèlent, selon lui, le monde intermédiaire dans lequel il n’y a ni temps ni espace ? Nous tenterons de répondre à ces questions par la pratique (travail sur les techniques et sur les transes), et par une étude précise des écrits de Ueshiba Morihei.


Le séminaire est animé par Bruno Traversi, diplômé de l’Aikikai de Tokyo, responsable de la traduction de Takemusu Aiki, chercheur au STAPS de l’Université Paris V, et par Joffrey Chassat, diplômé de l’Université de Lille3, spécialiste de l’Omoto-Kyo, auteur de Transe et gouvernement de soi et du monde selon Deguchi Onisaburo (Editions du Cénacle).





Programme

Jeudi 12 juillet
18h – 19h30 : Aikido
19h30 – 21h : conférence : La synchronicité (espace, temps et acausalité) chez M. Ueshiba, C.G. Jung et W. Pauli


Dans Takemusu Aiki, Ueshiba Morihei présente sa pratique comme un art de la coïncidence. Selon lui, les évènements sont reliés entre eux, non seulement en vertu de la causalité, mais aussi de manière synchronistique. Dans sa « leçon de sabre », il explique ce rapport qui permet d’agir « merveilleusement », conformément aux explications que donne Deguchi Onisaburo. L'enseignement de Ueshiba à propos du temps et de l'espace et ses propres expériences qu'il décrit renvoient aux travaux de Carl Gustav Jung et de Wolfgang Pauli, l’un des pères de la physique quantique, au sujet de la synchronicité. Les deux hommes se réfèrent eux-mêmes aux traditions extrême-orientales. 


Vendredi 13 juillet
9h30 – 10h30 : Bâton
10h30 – 12h : Aikido
18h-19h30 : Aikido
19h30 – 21h : conférence : Extériorisation et alchimie chez M. Ueshiba, C.G. Jung et W. Pauli


Lorsqu’il explique sa pratique spirituelle et martiale, Maître Ueshiba décrit constamment des extériorisations, processus psychologique qui produit des visions réelles ou tangibles. Extériorisations provoquées par la méthode chinkon kishin no ho que lui avait enseigné Onisaburo Deguchi à l'Omoto-kyo. Ce processus d'extériorisation est expliqué de manière scientifique par Carl Gustav Jung, fondateur de la psychologie des profondeurs. Jung et Pauli (Prix Nobel de Physique en 1945) explorent l’alchimie occidentale et orientale. Leurs explications permettent de mieux comprendre les descriptions que fait Me Ueshiba dans Takemusu Aiki.


Samedi 14 juillet
9h30 – 10h30 : Bâton
10h30 – 12h : Aikido
18h-19h30 : Aikido
19h30 – 21h : conférence : L'arrière-monde chez M. Ueshiba, C.G. Jung et W. Pauli


Me Ueshiba donne pour finalité à sa pratique, l’Aikido, l’émergence d’un monde intermédiaire qui dépasse les dualités entre monde intérieur/monde extérieur, entre physique/psychique, entre moi/autrui. Le monde intermédiaire que décrit Ueshiba doit se comprendre à partir de la théorie que développe Onisaburo Deguchi à l'Omoto-kyo. L’idée qu’il existe un monde intermédiaire est également développé par Jung et Pauli. Selon eux, il existe un Arrière-monde au niveau duquel l’espace et le temps sont autres, monde antérieur qui peut s’approcher de manière scientifique mais aussi à travers certaines expériences à la fois spirituelles et corporelles comme celles de Ueshiba Morihei.


Dimanche 15 juillet
9h30 – 11h : Aikido
11h-12h : conférence : Le Kagura Mai dans la culture japonaise et dans la pratique de Ueshiba Morihei – une modification du temps et de l’espace.


A la fin de sa vie, Maitre Ueshiba donne à sa pratique le nom de Kagura Mai, « danse inspirée et circulaire ». Il s‘agit d’une danse de type extatique qui s’exécute en transe. Directement issue de l’aikido, comme son achèvement, le Kagura Mai de Ueshiba permet de dépasser la dualité. A partir d’une pratique de la danse Kagura Mai, nous nous attacherons à décrire la transe qui est à l’origine de la danse Kagura Mai de Ueshiba et nous montrerons comment cette pratique permet d’accéder à un autre rapport au temps, au temps de la synchronicité comme le décrivent Jung et Pauli.



Du 12 au 15 juillet
Dojo brestois,
51, rue du Château,
Brest

Stage complet : 90 € (pour 1, 2 ou 3 personnes)
une journée : 25 € ;
une demi-journée : 15€ ; conférence seule : 10€
possibilité de dormir au dojo : 8€/nuit
Réservation : bruno.traversi@yahoo.fr – port. : 06 62 34 40 64

mercredi 4 avril 2018

Newsletter n°2

Newsletter Les mots de Ueshiba
Photo Ueshiba kotoba
Newsletter n°2 - avril 2018
Ame-no-minaka-nushi-no-kami 天之御中主神
Les explications que donne Ueshiba Morihei, dans Takemusu Aiki, sur sa pratique renvoient constamment à Ame-no-minaka-nushi-no-kami [Dieu Maître de l’Auguste Centre du Ciel, 天之御中主神] qui est, dans le Kojiki (712), la première divinité de la cosmogonie. Ueshiba pose pour principe de son art l’unification avec Ame-no-minaka-nushi – forme de possession qu’il nomme kishin (voir la newsletter n°1) : Il faut « devenir Ame-mo-minaka-nushi ». Cette divinité possède une place singulière dans la cosmogonie japonaise, puisqu’elle apparaît une unique fois au tout début de la création et n’intervient pas ensuite, de sorte que Ueshiba Morihei, à la suite de Deguchi Onisaburô, le désigne comme étant l’Origine unique de « toutes les choses de l’Univers » (Uchû ban’yû, 宇宙万有). Si pour les deux hommes, il existe de nombreuses divinités, ils les considèrent comme étant des émanations, des aspects, d’Ame-no-minaka-nushi – il est ainsi l’Un qui transcende et fonde la multiplicité, et particulièrement toute forme de dualité. « Onisaburô décrit Ame-no-minaka-nushi comme étant éternel (mushi-mushû, 無始無終), absolument infini (mugen zettai, 無限絶対), absolument Un (zettai ichigen, 絶対一元). Il représente aussi bien l’existence absolue que le néant (kyomu, 虚無) de l’origine unique. Étant absolument Un, il n’a pas de propriétés physiques : il est situé partout – ou nulle part –, n’a pas de grandeur, car s’il avait des limites, il ne serait pas Un. » (Transe et gouvernement de soi et du monde, Éditions du Cénacle, p. 57) Échappant par nature aux limitations de l’espace et du temps, il constitue une forme de lien (en deçà du lien causal) reliant immédiatement les couples d’opposés, comme l’âme corporelle et l’âme spirituelle, ou encore les deux individus qui se font face lors de l’affrontement martial. C’est pourquoi, pour le fondateur de l’aïkido, il faut tourner le regard vers Ame-no-minaka-nushi afin de s’unir avec lui (kishin).

 
« L’aikidô, c’est le moment où l’on se tient debout sur le Pont Flottant du Ciel, c’est le fait de devenir Ame-no-minaka-nushi-no-kami. »
「合気道は、自分が天之浮橋に立つ折は、
天之御中主神になることである。」 
Ueshiba Morihei, Takemusu Aiki 『武産合気』, p. 163.
 
Ame-no-minaka-nushi chez Deguchi Onisaburô
« Pour Onisaburô, Ame-no-minaka-nushi représente la divinité primordiale, le véritable dieu unique (dokuisshinshin, 独一真神) à l’origine de l’Univers. Il le nomme aussi empereur céleste (tentei, 天帝), maître du ciel (tenshu, 天主), grand empereur (jôtei, 上帝) (noms qui proviennent du chinois), véritable dieu (shinshin, 真神), grand esprit (daiseishin, 大精神) ou encore grand esprit originel de l’Univers (Uchû no daigenrei, 宇宙の大元霊), etc. Dans l’Ômoto-shinyû, il est également appelé Ame-no-gosenso-sama 天之御先祖様, le vénérable ancêtre du Ciel, appellation toujours utilisée aujourd’hui à l’Ômoto-kyô. La nature qu’Onisaburô donne à Ame-no-minaka-nushi lui vient en grande partie de Honda. Cela n’est pas étonnant, puisque, comme nous l’avons vu, il a été l’un des proches disciples de Nagasawa, lui-même ayant repris le système de Honda. Dans son Kenkyû 『研究』 (Recherches), Honda définit Ame-no-minaka-nushi comme suit : « Jôtei [= Le
Photo article
Représentation du dieu Su [Sushin, 主神], autre nom d'Ame-no-minaka-nushi, sous la forme du kototama SU [ス], par O Sensei.
grand empereur], c’est l’esprit divin du grand Univers, c’est-à-dire Ame-no-minaka-nushi […] ». Staemmler précise qu’il se réfère également à lui comme étant le « véritable dieu » (shinjin, 真神), le « seigneur céleste » (tenshu, 天主) ou encore le « grand esprit » (daiseishin, 大精神) et qu’il représente « l’être suprême qui a créé le Ciel et la Terre [= l’Univers]. » »
pp. 54-55.
 
Pour aller plus loin
 
Joffrey Chassat, Kojiki - Mythes choisis, 2016
Publication
Ce volume présente en version bilingue – avec lexique complet et notes linguistiques – une sélection de huit épisodes du Kojiki, cosmogonie japonaise. Cette chronique, la plus ancienne du pays du Soleil-Levant, est révélatrice de la culture japonaise en ce qu'elle permet de comprendre des croyances et des pratiques rituelles encore actuelles. Les arts japonais, comme les mangas ou encore les arts martiaux se réfèrent au Kojiki, et tout particulièrement Ueshiba Morihei qui explique toute sa pratique à partir de ces mythes fondateurs. Une lecture indispensable donc pour saisir les explications du fondateur. De plus, cette version bilingue permettra aux pratiquants d’aikido de se familiariser avec le vocabulaire de O Sensei.
Deguchi Onisaburô (1871-1948)
Deguchi Onisaburô, auteur prolifique, calligraphe, peintre, sculpteur, poète, potier de renom, était le chef de file d'une importante communauté religieuse pendant la première moitié du XXe siècle : l'Ômoto-kyô. Il fut l'un des maîtres spirituels de Maître Ueshiba. Les deux hommes se rencontrent en 1919 et Ueshiba Morihei déménage aussitôt à Ayabe, siège de l'Ômoto-kyô, l'année suivante. Plusieurs années plus tard, en 1932, ils fondent ensemble l' « Association pour le budô authentique » avec Deguchi comme président.
Personnage
Newsletter d'information sur le vocabulaire de Ueshiba Morihei
par Joffrey Chassat et Bruno Traversi
(laboratoire TEC du STAPS Université Paris V Sorbonne)
contact : bruno.traversi@yahoo.fr